amour, Internet et sources ouvertes : devenez votre propre détective privé !

C’est l’été, il plane dans l’air une atmosphère légère. Je vais donc profiter d’un moment de détente pour vous faire (un peu) peur avec le relatif anonymat procuré par Internet.

Voici l’histoire d’une amie célibataire qui croit avoir rencontré en ligne un candidat sérieux pour vivre le grand amour. Appelons-le Eric. L’heureux élu est un directeur commercial dynamique doté d’un joli sourire (elle a reçu des photos). Divorcé, musicien, père de famille, sportif, et cerise sur le gâteau, il aime les animaux. C’est presque trop beau pour être vrai,  mais mon amie est prise d’un doute. Elle me demande s’il existe un moyen simple et légal de vérifier au moins une partie des dires d’Éric.

la méthode

Mon amie dispose pour cela d’un prénom, potentiellement faux, de quelques photos reçues par SMS et d’un numéro de téléphone. En revanche, point d’adresse e-mail. Elle me confie le tout pour faire quelques recherches.

Oublions le 06 ou le 07 du monsieur, car comme n’importe quel citoyen, je n’ai pas accès aux bases des opérateurs téléphoniques ni aux numéros en liste rouge ! Il faut donc procéder autrement en utilisant des sources dites ouvertes. Comment ? En analysant les photos bien sûr !

Les lecteurs de ce blog le savent sans doute, mais le grand public l’ignore souvent : Google propose un intéressant service de recherche d’images. Cela permet entre autre de savoir si une photo a été volée sur Internet. Pratique quand on vous propose un objet à vendre ou quand vous recherchez l’âme sœur ! Certains sites proposent d’ailleurs de vérifier si la photo d’une petite annonce n’a pas été « empruntée » sur Internet.

Récupérer les photos envoyées par MMS ? Enfantin, clic long enregistrement de l’image transfert sur le PC (pour la commodité des recherches), c’est l’affaire de quelques secondes. Ensuite, lançons la recherche avec Google Images.

Disons-le tout net, Eric a été précautionneux, mais pas assez. Les portraits envoyés ne donnent aucun résultat. Ces photos ne se retrouvent ni sur les réseaux sociaux ni sur les sites de partage d’images. Dommage. Pourtant, dans le lot figure une image moins anonyme : celle où Eric le sportif court lors d’une compétition officielle. Et il porte un dossard ! La photo est typique de celles que proposent les organisateurs à chaque participant et en général elles sont disponibles sur le site de la course. Eric a pris soin de masquer son prénom (souvent précisé sous le numéro, ce qui laisse penser que le prénom est un pseudo) et une grande partie du numéro de dossard. Manque de chance, il a oublié de masquer les deux marques qui, à première vue, sponsorisent la course. La petite faiblesse qui le perdra !

Bingo ! Une recherche rapide sur les évènements sportifs ayant les deux marques comme sponsors ne renvoie qu’à un seul résultat ! Une course à pied qui s’est déroulée très récemment… Vérifions si nous ne retrouvons pas notre ami Eric dans les photos des participants. Après quelques tâtonnements et un processus itératif tout bête pour reconstituer le numéro (dont nous connaissions les 3 derniers chiffres), nous retrouvons finalement notre sympathique candidat.

alors verdict ?

Le site de la course nous confirme qu’il est sportif, c’est sûr : il a terminé dans un temps fort honorable. Il ne se prénomme pas Eric, mais ça nous nous en doutions, mais nous connaissons maintenant son nom de famille. Une rapide recherche sur les réseaux sociaux nous apprendra la suite. Il a bien des enfants et a fréquenté des institutions privées assez chics dans sa jeunesse. Officiellement en union libre, il pratique deux instruments de musique. En revanche, aucune trace de son amour des animaux sur les différents sites où apparaît le fameux « Eric ». Qui plus est, patatras : ce prétendu directeur commercial occupe en réalité un poste de simple vendeur dans une société que nous n’avons eu aucun mal à retrouver !

Finalement, mon amie a préféré croire au prince charmant et lui accorder le bénéfice du doute « il n’a pas remis son profil à jour depuis son divorce. Et regarde, il est dans la même boite depuis 5 ans. Il a dû avoir une promotion ». Je pense qu’elle est vraiment tombée sous le charme du sourire et sur le fait que la plupart des informations sont exactes.

moralité ?

aucune, si ce n’est que nous avons maintenant avec le Web des moyens que Sherlock Holmes (et le docteur Watson) pourraient nous envier. Même pour le citoyen lambda animé d’aucune intention délictueuse il devient de plus en plus difficile de se dissimuler derrière une fausse identité !

conclusion

quand on cherche l’amour en ligne, autant rester soi-même. Et tant qu’à faire, évitez d’envoyer des photos déjà publiées sur le web. Avis aussi aux coureurs de fonds (et de jupons) !

Cette histoire n’est pas totalement vraie, j’ai changé de nombreux détails pour protéger mes sources, mais les moyens employés, ainsi que l’utilisation du numéro de dossard sont parfaitement exacts. Pour les Holmésiens que je salue, je pense que Mycroft plus que Sherlock verrait tout l’intérêt de l’Internet pour mener des enquêtes sans se fatiguer si toutefois le Diogenes Club disposait d’une connexion.

Philippe

crédit photo : © Phot65 - Fotolia.com

Philippe Macia

Après un passé de formateur, d’opérationnel IT, d’avant-vente technique et de responsable service client, j’ai rejoint l’équipe sécurité d’Orange Business en tant que chef de produit. Je suis très attaché à l’expérience utilisateur et à la simplicité d’administration des solutions que nous créons. Mes maîtres mots : partage du savoir, logique, pragmatisme et simplicité.